Les épouses sont les plus sujettes à la violence avec 63% des cas. Le mari est le premier accusé, alors que les 23% des célibataires sont battues par leurs père, frères…. Les violences psychologiques constituent 86% des cas, suivies des agressions physiques avec 68% et des cas socioéconomiques avec 56% . Le bilan est dressé par 18 centres d’écoute sur les violences contre les femmes sur une période d’une année.
Au moment où la rapporteuse des Nations unies pour la lutte contre les violences à l’égard des femmes a entamé sa visite, de 10 jours, lundi dernier pour s’enquérir de la situation des femmes en Algérie, le Réseau national des centres d’écoute sur les violences contre les femmes, relevant des ONG, vient de faire état des résultats de sa première année d’activité.
Initié en 2008 par le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef) avec la collaboration du Fonds des Nations unies pour le développement des femmes (Unifem), ce réseau, constitué de 13 centres d’écoute à l’échelle nationale, et dénommé «Balsam» – un baume pour les victimes auxquelles il s’adresse –, a rassemblé tous les cas de violence à l’égard des femmes recensés entre 2009 et 2010, les a analysés et émis des recommandations pour une meilleure prise en charge des victimes et une plus large sensibilisation sur le phénomène. Ainsi, en juillet 2009, le nombre de cas de violence recensés était de 147. Il a atteint 547 en juillet 2010. L’analyse des appels a montré que 65% des victimes de violences sont des femmes mariées.
Les divorcées représentent 10% des cas et les veuves seulement 1% des cas. Les célibataires constituent 23% des victimes. Les victimes ont, dans 63% des cas, un âge compris entre 25 et 44 ans, avec une pointe assez marquée de la catégorie des 30-34 ans. Mais 82% des célibataires victimes de violences ont un âge compris entre 25 et 29 ans, alors que 48% des divorcées sont âgées entre 35 et 44 ans.
Le réseau a noté que 32 femmes ayant contacté les centres d’écoute étaient séparées au moment de l’appel du fait des violences qu’elles ont subies. En outre, 70% des divorcées victimes de violences ont au moins un enfant, dix d’entre elles en ont quatre et plus. Pour ce qui est du niveau d’instruction, le réseau a révélé que 24% des victimes sont universitaires, 50% ont un niveau secondaire ou moyen et 25% ont fait le cycle primaire ou sont sans instruction. Ce qui démontre que même les plus instruites peuvent être victimes de violences. Néanmoins, celles-ci ont un niveau de tolérance (à la violence) plus bas que celui des moins instruites. En outre, même si pour la moitié des cas l’activité n’est pas déclarée, il n’en demeure pas moins que les violences rapportées concernent, dans 14% des cas, les femmes qui ont un travail régulier et 5% un travail informel.
D’autre part, dans 95% des cas des victimes de violence, l’homme en est l’auteur, et dans 5% seulement, il n’est pas identifié. Au total 74% des agressions sont le fait du mari, ex-mari, petit ami, l’ex-petit ami et le fiancé. A l’inverse, très peu d’agressions sont le fait de personnes n’ayant aucune relation avec la victime. Par ailleurs, un quart des agresseurs n’a pas de travail, ce qui démontre que le chômage constitue un facteur de risque de violence. D’ailleurs la proportion de ceux qui ont une profession représente un pourcentage insignifiant. Toutefois, le nombre des cadres supérieurs dans la catégorie des agresseurs reste relativement important.
L’enquête a révélé que dans 12% des cas de violence déclarée, la victime évoque le problème de drogue chez son agresseur. L’alcoolisme, souvent associé à la drogue, est beaucoup moins cité (35 fois). Le nombre de violents «malades mentaux» est relativement élevé, alors que le chômage n’est cité que dans 9 cas en tant que facteur aggravant. Les violences psychologiques concernent 86% des victimes, alors que celles physiques touchent 68% des cas, socioéconomiques 56%, juridiques 28% et sexuelles, un tiers des plus jeunes victimes. Chacune des femmes, est-il précisé, subit au moins trois de ces types de violence. Les coups et blessures dominent le tableau des agressions avec pour conséquence des polytraumatismes dans 63 cas et des fractures dans 61 cas. Les séquestrations concernent 70 victimes, parmi elles 51 ont vécu des tentatives de meurtre.
Les victimes se plaignent plus des gifles, des coups de pied et des coups, sans toutefois exclure les cas où l’agresseur utilise un couteau, un bâton, un balai, un outil domestique et dans un cas, il a même utilisé une arme à feu. Face à cette situation, le réseau a appelé à, entre autres, la pénalisation des violences conjugales, à l’interdiction du mariage par la Fatiha sans inscription préalable à l’état civil et au renforcement du droit au logement en cas de divorce ou de séparation. Des mesures juridiques permettant l’éloignement de l’époux ou ex-époux agresseur sont nécessaires pour la protection de la femme et des enfants.
Mieux, des règles permettant de conférer à une association le caractère d’utilité publique sont également utiles. Il est recommandé également la création de centres d’hébergement pour femmes victimes de violences et l’organisation au niveau local des concertations périodiques entre tous les acteurs, publics et privés, concernés par la prise en charge des violences contre les femmes.
Graves conséquences sur les enfants
L’étude montre sur les 546 femmes qui ont recouru aux centres d’appel, 304 ont un ou plusieurs enfants.
Dans 241 cas, la violence a eu des conséquences négatives sur ces derniers et dans 129 cas, elle a eu au moins deux effets indésirables et au moins trois pour 72 des cas. Un tiers des enfants souffre de difficultés scolaires, 18% d’absentéisme ou de vagabondage et 22% des enfants de mères violentées deviennent violents alors que 7% versent dans la délinquance.
La majorité des divorcées violentées par leurs ex-maris
L’étude a montré que 89% des femmes mariées sont violentées par le mari.
Le pourcentage concerne aussi bien le mariage conclu par la Fatiha, avec acte ou encore dans la situation où les époux sont séparés. Les autres agresseurs sont en général des membres de la famille tels que le père, la mère, la belle-mère… Dans quatre cas, l’agresseur est un voisin et dans deux cas un chef de service. Pour les femmes divorcées, l’ex-mari vient en première position, puisque 51 cas sur 53 l’accusent. Les célibataires sont battues dans 31% des cas par leur père. Les petits amis, fiancés et ex-petits amis, pris ensemble constituent 20% des agresseurs. Le frère constitue 16% des auteurs. Les relations de travail représentent 9% des agresseurs.
Le viol et l’inceste, les violences les plus graves
Les agressions sexuelles les plus graves, à savoir le viol, l’inceste et le proxénétisme, touchent 6% de l’ensemble des victimes, soit 35 cas au total.
Parfois, les faits n’ont eu lieu qu’une seule fois, notamment les viols par un inconnu et également dans un cas d’inceste, mais souvent ils sont répétés. Dans des cas de viol, l’agresseur exerce un chantage sur la victime pour l’obliger à céder à nouveau. Les victimes de viol sont célibataires dans 14 cas, divorcées (5), mariée (un cas).
Le violeur est le fiancé ou le petit ami dans six cas, l’ex-mari trois cas, un ami de la famille deux cas, un voisin deux cas, une personne apparentée, un collègue (supérieur hiérarchique), un infirmier lors d’une hospitalisation, un commerçant du quartier, un policier dans l’enceinte du commissariat, un cas.
Dans notre échantillon de victimes, le viol par un ou plusieurs inconnus n’est cité que par deux victimes. Il est possible que dans ce dernier cas la victime s’adresse aux autorités plutôt qu’à un centre d’écoute. Les incestes qui sont dénoncés ont souvent eu lieu bien avant que la victime ne s’adresse au centre d’écoute.
Certains remontent à l’adolescence de la victime, mais le poids de la douleur et de la honte de cette agression reste présent. Les victimes d’inceste sont célibataires au moment des faits, mais une des victimes en parle après son mariage suivi de divorce quand le mari eut été informé de l’inceste. Beaucoup de cas d’inceste sont tus par les victimes. La mère, quand elle est au courant, tente dans certains cas de protéger sa fille contre le père incestueux, mais pas toujours. Dans le cas de proxénétisme, l’enquête a montré que c’est le mari lui-même qui force son épouse à se prostituer.
samia tlemcani
Au moment où la rapporteuse des Nations unies pour la lutte contre les violences à l’égard des femmes a entamé sa visite, de 10 jours, lundi dernier pour s’enquérir de la situation des femmes en Algérie, le Réseau national des centres d’écoute sur les violences contre les femmes, relevant des ONG, vient de faire état des résultats de sa première année d’activité.
Initié en 2008 par le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef) avec la collaboration du Fonds des Nations unies pour le développement des femmes (Unifem), ce réseau, constitué de 13 centres d’écoute à l’échelle nationale, et dénommé «Balsam» – un baume pour les victimes auxquelles il s’adresse –, a rassemblé tous les cas de violence à l’égard des femmes recensés entre 2009 et 2010, les a analysés et émis des recommandations pour une meilleure prise en charge des victimes et une plus large sensibilisation sur le phénomène. Ainsi, en juillet 2009, le nombre de cas de violence recensés était de 147. Il a atteint 547 en juillet 2010. L’analyse des appels a montré que 65% des victimes de violences sont des femmes mariées.
Les divorcées représentent 10% des cas et les veuves seulement 1% des cas. Les célibataires constituent 23% des victimes. Les victimes ont, dans 63% des cas, un âge compris entre 25 et 44 ans, avec une pointe assez marquée de la catégorie des 30-34 ans. Mais 82% des célibataires victimes de violences ont un âge compris entre 25 et 29 ans, alors que 48% des divorcées sont âgées entre 35 et 44 ans.
Le réseau a noté que 32 femmes ayant contacté les centres d’écoute étaient séparées au moment de l’appel du fait des violences qu’elles ont subies. En outre, 70% des divorcées victimes de violences ont au moins un enfant, dix d’entre elles en ont quatre et plus. Pour ce qui est du niveau d’instruction, le réseau a révélé que 24% des victimes sont universitaires, 50% ont un niveau secondaire ou moyen et 25% ont fait le cycle primaire ou sont sans instruction. Ce qui démontre que même les plus instruites peuvent être victimes de violences. Néanmoins, celles-ci ont un niveau de tolérance (à la violence) plus bas que celui des moins instruites. En outre, même si pour la moitié des cas l’activité n’est pas déclarée, il n’en demeure pas moins que les violences rapportées concernent, dans 14% des cas, les femmes qui ont un travail régulier et 5% un travail informel.
D’autre part, dans 95% des cas des victimes de violence, l’homme en est l’auteur, et dans 5% seulement, il n’est pas identifié. Au total 74% des agressions sont le fait du mari, ex-mari, petit ami, l’ex-petit ami et le fiancé. A l’inverse, très peu d’agressions sont le fait de personnes n’ayant aucune relation avec la victime. Par ailleurs, un quart des agresseurs n’a pas de travail, ce qui démontre que le chômage constitue un facteur de risque de violence. D’ailleurs la proportion de ceux qui ont une profession représente un pourcentage insignifiant. Toutefois, le nombre des cadres supérieurs dans la catégorie des agresseurs reste relativement important.
L’enquête a révélé que dans 12% des cas de violence déclarée, la victime évoque le problème de drogue chez son agresseur. L’alcoolisme, souvent associé à la drogue, est beaucoup moins cité (35 fois). Le nombre de violents «malades mentaux» est relativement élevé, alors que le chômage n’est cité que dans 9 cas en tant que facteur aggravant. Les violences psychologiques concernent 86% des victimes, alors que celles physiques touchent 68% des cas, socioéconomiques 56%, juridiques 28% et sexuelles, un tiers des plus jeunes victimes. Chacune des femmes, est-il précisé, subit au moins trois de ces types de violence. Les coups et blessures dominent le tableau des agressions avec pour conséquence des polytraumatismes dans 63 cas et des fractures dans 61 cas. Les séquestrations concernent 70 victimes, parmi elles 51 ont vécu des tentatives de meurtre.
Les victimes se plaignent plus des gifles, des coups de pied et des coups, sans toutefois exclure les cas où l’agresseur utilise un couteau, un bâton, un balai, un outil domestique et dans un cas, il a même utilisé une arme à feu. Face à cette situation, le réseau a appelé à, entre autres, la pénalisation des violences conjugales, à l’interdiction du mariage par la Fatiha sans inscription préalable à l’état civil et au renforcement du droit au logement en cas de divorce ou de séparation. Des mesures juridiques permettant l’éloignement de l’époux ou ex-époux agresseur sont nécessaires pour la protection de la femme et des enfants.
Mieux, des règles permettant de conférer à une association le caractère d’utilité publique sont également utiles. Il est recommandé également la création de centres d’hébergement pour femmes victimes de violences et l’organisation au niveau local des concertations périodiques entre tous les acteurs, publics et privés, concernés par la prise en charge des violences contre les femmes.
Graves conséquences sur les enfants
L’étude montre sur les 546 femmes qui ont recouru aux centres d’appel, 304 ont un ou plusieurs enfants.
Dans 241 cas, la violence a eu des conséquences négatives sur ces derniers et dans 129 cas, elle a eu au moins deux effets indésirables et au moins trois pour 72 des cas. Un tiers des enfants souffre de difficultés scolaires, 18% d’absentéisme ou de vagabondage et 22% des enfants de mères violentées deviennent violents alors que 7% versent dans la délinquance.
La majorité des divorcées violentées par leurs ex-maris
L’étude a montré que 89% des femmes mariées sont violentées par le mari.
Le pourcentage concerne aussi bien le mariage conclu par la Fatiha, avec acte ou encore dans la situation où les époux sont séparés. Les autres agresseurs sont en général des membres de la famille tels que le père, la mère, la belle-mère… Dans quatre cas, l’agresseur est un voisin et dans deux cas un chef de service. Pour les femmes divorcées, l’ex-mari vient en première position, puisque 51 cas sur 53 l’accusent. Les célibataires sont battues dans 31% des cas par leur père. Les petits amis, fiancés et ex-petits amis, pris ensemble constituent 20% des agresseurs. Le frère constitue 16% des auteurs. Les relations de travail représentent 9% des agresseurs.
Le viol et l’inceste, les violences les plus graves
Les agressions sexuelles les plus graves, à savoir le viol, l’inceste et le proxénétisme, touchent 6% de l’ensemble des victimes, soit 35 cas au total.
Parfois, les faits n’ont eu lieu qu’une seule fois, notamment les viols par un inconnu et également dans un cas d’inceste, mais souvent ils sont répétés. Dans des cas de viol, l’agresseur exerce un chantage sur la victime pour l’obliger à céder à nouveau. Les victimes de viol sont célibataires dans 14 cas, divorcées (5), mariée (un cas).
Le violeur est le fiancé ou le petit ami dans six cas, l’ex-mari trois cas, un ami de la famille deux cas, un voisin deux cas, une personne apparentée, un collègue (supérieur hiérarchique), un infirmier lors d’une hospitalisation, un commerçant du quartier, un policier dans l’enceinte du commissariat, un cas.
Dans notre échantillon de victimes, le viol par un ou plusieurs inconnus n’est cité que par deux victimes. Il est possible que dans ce dernier cas la victime s’adresse aux autorités plutôt qu’à un centre d’écoute. Les incestes qui sont dénoncés ont souvent eu lieu bien avant que la victime ne s’adresse au centre d’écoute.
Certains remontent à l’adolescence de la victime, mais le poids de la douleur et de la honte de cette agression reste présent. Les victimes d’inceste sont célibataires au moment des faits, mais une des victimes en parle après son mariage suivi de divorce quand le mari eut été informé de l’inceste. Beaucoup de cas d’inceste sont tus par les victimes. La mère, quand elle est au courant, tente dans certains cas de protéger sa fille contre le père incestueux, mais pas toujours. Dans le cas de proxénétisme, l’enquête a montré que c’est le mari lui-même qui force son épouse à se prostituer.
samia tlemcani