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Faire face à l'anorexie mentale

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djam09

djam09

C'est , selon les psychiatres, la première cause de mortalité en psychiatrie. Les troubles du comportement alimentaire, anorexie et boulimie, font des ravages chez les adolescents, mais aussi chez les adultes, qui représentent la moitié des cas. Face à cette pathologie complexe qu'est l'anorexie, parents et médecins sont bien souvent désemparés. La prise en charge est trop tardive et loin d'être optimale, soulignent les spécialistes, mais elle devrait bientôt s'améliorer, grâce à plusieurs initiatives.

L'Institut mutualiste Montsouris (Paris) dirige ainsi une large étude multicentrique qui permettra d'apprécier les bénéfices de l'hospitalisation, nécessaire dans les cas les plus sévères d'anorexie. De son côté, la Haute autorité de santé (HAS), saisie par le gouvernement et l'Afdas-TCA *, publiera, avant la fin de l'été, des recommandations pour sa prise en charge. Le texte, très attendu par les professionnels de santé, n'est pas encore validé, mais la HAS a accepté de partager avec Le Figaro ses pistes de réflexion.

La patiente ne se plaint pas

La prise en charge de l'anorexie étant d'autant plus efficace que le trouble est détecté précocement, ces recommandations devraient permettre aux professionnels en contact avec des adolescents de mieux repérer les premiers signes révélateurs de cette pathologie. En France, comme dans tous les pays occidentaux, de 0,5 à 2 % des adolescents sont touchés par ces troubles du comportement alimentaire, et principalement les jeunes filles, qui représentent 90 % des cas.

Le début des troubles peut être insidieux. Avec la puberté, une adolescente voit son corps se modifier et des rondeurs apparaître. «Elle grossit un peu et, un jour, son frère ou son père le lui fait remarquer. L'adolescente s'inquiète, interroge ses copines à l'école, qui confirment, car les filles ne sont pas tendres entre elles, raconte le Pr Bruno Falissard. Responsable d'une unité de recherche Inserm au service de pédopsychiatrie de l'hôpital Paul-Brousse, à Villejuif. C'est le début classique de l'histoire de l'anorexie.»

Pour certaines adolescentes, dont le profil psychologique s'oriente autour du contrôle, c'est une situation insupportable. Elles doivent se maîtriser, se mettent au régime et se laissent entraîner par l'excitation que peut provoquer la privation de nourriture. Du coup, elles se contrôlent et maigrissent. De leur point de vue, tout va donc pour le mieux.

L'anorexie est ainsi une pathologie bien à part, car la patiente ne se plaint pas, elle ne veut pas guérir. Elle peut dissimuler longtemps sa maladie et, une fois celle-ci diagnostiquée, refuser les soins. Les signes sont pourtant clairs : les anorexiques veulent maigrir, se trouvent trop grosses alors qu'elles ne le sont pas et ont peur de prendre du poids.

Les parents doivent donc être attentifs dès que leur enfant a un comportement inhabituel au moment des repas et qui, bien que mince ou maigre, insiste sur le fait qu'il est gros. «Les parents sont souvent les premiers à voir les changements, car les médecins examinent en effet de moins en moins leurs patients, surtout ces jeunes filles réticentes», insiste le Pr Falissard.

Lorsque l'anorexie est dépistée très tôt, quelques interventions simples sur le fonctionnement de la famille suffisent en général à débloquer la situation.

Dans les cas les plus graves, lorsque l'anorexie est installée depuis plus longtemps, les patientes doivent être hospitalisées. Certaines sont dans un état dramatique, avec une perte de poids qui peut atteindre 50 %. «À ce stade, il ne suffit pas de les regonfler physiquement, ce qui est fait le plus souvent dans les unités non spécialisées, regrette le Dr Xavier Pommereau, directeur de l'unité médico-psychologique de l'adolescent au centre Abadie de Bordeaux. Il est indispensable de pouvoir les prendre en charge sur tous les axes. Les équipes pluridisciplinaires obtiennent les meilleurs résultats, surtout si elles peuvent suivre les patientes pendant une durée suffisante.»

La HAS s'est intéressée à un grand nombre de ces questions, avec une vingtaine d'experts ainsi qu'un groupe de patients. «Le repérage plus précoce de la maladie, les premiers soins en ville, l'articulation avec l'hôpital et entre les différentes professions qui peuvent être amenées à intervenir, la prise en compte de l'entourage sont autant de pistes que nous avons explorées », précise Emmanuel Nouyrigat, chef de projet au service des bonnes pratiques professionnelles. Ces recommandations n'ont pas valeur d'obligation, mais les équipes médicales espèrent qu'elles leur donneront un argument de poids pour obtenir les moyens nécessaires à une prise en charge efficace.

Parallèlement, l'étude multicentrique que vient de lancer l'Institut mutualiste Montsouris sous la responsabilité du Dr Nathalie Godart, va évaluer la prise en charge hospitalière par la mesure de l'efficacité des soins et la recherche de facteurs prédictifs de l'évolution. L'enquête, qui devrait durer trois ans et demi, inclura 330 patients de 8 à 65 ans. «Ce travail vise à faire la preuve des bénéfices d'une hospitalisation parfois longue, et, en cette période de restrictions budgétaires, il est important d'avoir des arguments», souligne le Dr Godart.

Par Le Figaro

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