L’abdication du président tunisien devant la pression grandissante de la rue n’est pas surprenante en elle-même, tant la détermination des manifestants prenait davantage d’ampleur à chaque victime supplémentaire annoncée. Ce qui a surpris tout le monde, c’est l’accélération des événements et la rapidité avec laquelle Ben Ali a décidé de quitter la Tunisie, quelques heures seulement après s’être adressé à la nation et promis de réformer profondément un régime sclérosé qu’il a dirigé d’une main de fer durant vingt-trois ans. Tout au long d’un mois d’émeutes sanglantes, alors que des manifestants étaient fauchés à la fleur de l’âge par dizaines sous les balles des policiers, ce qui aura frappé les esprits, c’est la mollesse des réactions de la communauté internationale.
Exception faite, peut-être, de la pression américaine sur le palais de Carthage pour mettre fin à la tuerie et respecter davantage les droits de l’homme et les libertés, le monde est resté plutôt passif face à la tragédie. Le président américain Barack Obama a salué le “courage et la dignité” du peuple tunisien, après la fuite du président Ben Ali, et appelé le gouvernement à organiser des élections “libres et justes” dans “un proche avenir”, selon un communiqué de la Maison-Blanche. “Je condamne et déplore le recours à la violence contre des citoyens qui ont exprimé pacifiquement leur opinion en Tunisie et applaudis le courage et la dignité du peuple tunisien”, a fait savoir
M. Obama, saluant “une lutte courageuse et déterminée pour des droits universels”. “Nous nous souviendrons longtemps des images du peuple tunisien cherchant à faire entendre sa voix”, a-t-il affirmé.
Ainsi, il a fallu plus de deux semaines et plusieurs morts, pour que l’Union européenne, par la voix de sa chargée des Affaires étrangères, daigne enfin demander à Ben Ali de faire cesser la tuerie. La France, pour sa part, aura adopté une espèce de politique de l’autruche et le peu de réactions de ses officiels, arrachées sous la pression d’une opinion publique révoltée, étaient très en deçà de la fermeté qu’exigeait la gravité des évènements. La France officielle lorgnait davantage du côté du palais de Carthage que de celui de la rue, chaque jour davantage colorée de rouge. En un mot comme en dix, la solidarité de la France officielle, lorsqu’elle s’est exprimée, est allée non pas aux Tunisiens, qui bravaient la mort pour leur liberté et leur dignité, mais vers ceux-là mêmes qui les leur ont confisquées depuis plus de deux décennies. En la matière, la très officielle proposition de la ministre française des Affaires étrangères faite aux autorités tunisiennes et algériennes pour les faire bénéficier de la technicité de l’appareil répressif tricolore est digne d’être répertoriée parmi les grands chefs-d’œuvre de “l’anti-diplomatie” mondiale. Mais il faut dire que de l’autre côté de la Méditerranée, Ben Ali était perçu comme un allié utile, voire un ami. Tous les politiques français, exception faite de personnalités de l’opposition de gauche, qui se sont succédé sur les plateaux de télévision ont mis en avant les qualités et l’utilité indiscutables du président Ben Ali.
Resté étrangement silencieux durant près d’un mois qu’ont duré les émeutes tunisiennes et la répression sanglante du pouvoir, laissant le soin à ses “collaborateurs” de verser des larmes de crocodile, tout en défendant l’ami Ben Ali via des formules maladroites et gênées, le président Sarkozy est sorti de sa réserve sitôt la nouvelle de la fuite du maître de Carthage connue. L’ami déchu sentait soudain le souffre et il n’était pas souhaitable que Ben Ali mette les pieds sur le territoire français ! Quelle volte-face en vérité ! Mais, au-delà de l’attitude honteuse de la France, les événements de Tunisie interrogent les consciences sur l’attitude plus générale de ce qu’il est convenu d’appeler la communauté internationale.
libertè
Exception faite, peut-être, de la pression américaine sur le palais de Carthage pour mettre fin à la tuerie et respecter davantage les droits de l’homme et les libertés, le monde est resté plutôt passif face à la tragédie. Le président américain Barack Obama a salué le “courage et la dignité” du peuple tunisien, après la fuite du président Ben Ali, et appelé le gouvernement à organiser des élections “libres et justes” dans “un proche avenir”, selon un communiqué de la Maison-Blanche. “Je condamne et déplore le recours à la violence contre des citoyens qui ont exprimé pacifiquement leur opinion en Tunisie et applaudis le courage et la dignité du peuple tunisien”, a fait savoir
M. Obama, saluant “une lutte courageuse et déterminée pour des droits universels”. “Nous nous souviendrons longtemps des images du peuple tunisien cherchant à faire entendre sa voix”, a-t-il affirmé.
Ainsi, il a fallu plus de deux semaines et plusieurs morts, pour que l’Union européenne, par la voix de sa chargée des Affaires étrangères, daigne enfin demander à Ben Ali de faire cesser la tuerie. La France, pour sa part, aura adopté une espèce de politique de l’autruche et le peu de réactions de ses officiels, arrachées sous la pression d’une opinion publique révoltée, étaient très en deçà de la fermeté qu’exigeait la gravité des évènements. La France officielle lorgnait davantage du côté du palais de Carthage que de celui de la rue, chaque jour davantage colorée de rouge. En un mot comme en dix, la solidarité de la France officielle, lorsqu’elle s’est exprimée, est allée non pas aux Tunisiens, qui bravaient la mort pour leur liberté et leur dignité, mais vers ceux-là mêmes qui les leur ont confisquées depuis plus de deux décennies. En la matière, la très officielle proposition de la ministre française des Affaires étrangères faite aux autorités tunisiennes et algériennes pour les faire bénéficier de la technicité de l’appareil répressif tricolore est digne d’être répertoriée parmi les grands chefs-d’œuvre de “l’anti-diplomatie” mondiale. Mais il faut dire que de l’autre côté de la Méditerranée, Ben Ali était perçu comme un allié utile, voire un ami. Tous les politiques français, exception faite de personnalités de l’opposition de gauche, qui se sont succédé sur les plateaux de télévision ont mis en avant les qualités et l’utilité indiscutables du président Ben Ali.
Resté étrangement silencieux durant près d’un mois qu’ont duré les émeutes tunisiennes et la répression sanglante du pouvoir, laissant le soin à ses “collaborateurs” de verser des larmes de crocodile, tout en défendant l’ami Ben Ali via des formules maladroites et gênées, le président Sarkozy est sorti de sa réserve sitôt la nouvelle de la fuite du maître de Carthage connue. L’ami déchu sentait soudain le souffre et il n’était pas souhaitable que Ben Ali mette les pieds sur le territoire français ! Quelle volte-face en vérité ! Mais, au-delà de l’attitude honteuse de la France, les événements de Tunisie interrogent les consciences sur l’attitude plus générale de ce qu’il est convenu d’appeler la communauté internationale.
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