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violences sexuelles contre les enfants en Algérie :Quand le silence renforce le tabou

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djam09

djam09

La rencontre organisée par le réseau Nada pour la défense des droits de l’enfant, jeudi dernier, nous a permis de confirmer que la violence sexuelle contre les enfants, notamment lorsqu’il s’agit d’inceste, est un sujet que la société aura du mal à débattre.

En effet, comme ce fut le cas pour les mères célibataires, la violence sexuelle contre les enfants est un dossier qui ne sera pas propulsé au-devant de l’actualité de sitôt. Il devrait passer par des années de clandestinité avant de se frayer une place “publique”.
Car si pour la mère célibataire, la fille finit généralement par quitter le domicile familial, laissant derrière elle une famille qui tente de gérer tant bien que mal la “honte” que proches et voisins finissent par oublier, puisque le fait de tourner le dos à l’une des leurs qui a osé commettre l’irréparable lave l’honneur de la famille, pour l’abus sexuel de l’enfant, la situation est tout autre. L’équation se complique encore davantage quand il s’agit d’inceste. Lorsque c’est le frère qui en est l’auteur, la solidarité familiale voudrait que quand la victime n’est autre que la propre sœur de l’auteur, de ne pas ébruiter l’affaire pour ne pas entacher la réputation de l’homme de la famille et briser son avenir.
Pour la fille-victime, elle aura toute la vie pour panser cette blessure, pense-t-on. Et c’est ce qui contraint les familles à enterrer à jamais le secret. Aujourd’hui, même si des voix s’élèvent pour évoquer l’abus et l’exploitation sexuels des enfants, ceci ne se fait que dans un cadre très restreint. Si ce n’était la presse qui rapportait les rares activités de certaines associations qui osent évoquer le sujet, d’un côté, et les statistiques des services de sécurité, de l’autre, le phénomène qui prend de l’ampleur continuera à être complètement ignoré. Car changer les mentalités est loin d’être chose aisée.
On s’imagine mal un simple citoyen ou une famille habitant une région conservatrice évoquer ouvertement ce sujet quand le premier responsable du réseau qui vient d’être mis en place pour plaider la cause de ces enfants reconnaît lui même que “la famille de l’enfant victime de violence sexuelle se voit contrainte de plier bagage et quitter le quartier” pour éviter les commentaires des voisins.
Noureddine Benbraham ira jusqu’à reprocher à la presse qui rapporte ce genre de “fait divers” le fait de donner les initiales de la victime et des détails qui la rende identifiable pour des proches. “L’enfant est désigné du doigt. Ce n’est pas facile pour toute sa famille.” Et il faudrait des années de soutien psychologique pour arriver à réparer ce qu’un monstre a brisé en quelques minutes. Mais en trouvant normal qu’une famille victime et non coupable soit contrainte de fuir, nous ne faisons qu’enraciner davantage le tabou et non le briser.
La logique ne voudrait-elle pas que quand on veut lutter contre un phénomène, on commence d’abord par le dévoiler ? Dire qu’il faille cacher l’identité de la victime ne rime-t-il pas avec tabou ? “Non !” se contente de nous répondre Benbraham qui pense que, de leur côté, les mamans doivent se rencontrer pour discuter de la protection de leurs enfants. Comment le feront-elles puisque le sujet est toujours classé “tabou” ? Il faut savoir que le dossier de la violence sexuelle faite aux enfants a été dépoussiéré par des ONG internationales suite au constat accablant fait par l’OMS : 150 millions de filles et 73 millions de garçons, âgés de moins de 18 ans, ont subi des violences sexuelles dans le monde en 2002.
Quelques années plus tard, un “projet de renforcement des capacités d’intervention et de mise en réseau des acteurs locaux de la société civile pour la promotion des droits de l’enfant et la lutte contre son exploitation sexuelle dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée” verra le jour. Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et le Liban étaient les principales cibles. Des études ont été lancées pour savoir ce qui se fait dans ce domaine au niveau des 4 pays.
En Algérie, l’enquête a eu lieu entre le 24 et le 23 mai 2010 et a touché les wilayas d’Alger, Blida, Constantine et Boumerdès. Les consultants de l’Association toulousaine pour le développement et l’accompagnement de projet (ATDAP) ont commencé par un recueil des textes juridiques, des programmes et autres procédures nationales.
Ceci, outre les tête-à-tête avec différents responsables d’organismes et associations, des responsables de l’éducation nationale, des médecins, des éducateurs, des avocats… C’était au total 80 acteurs et 28 structures situées dans les 4 wilayas-pilotes. Selon les résultats de l’enquête, “la thématique de la violence sexuelle sur enfant reste un sujet très sensible, mais elle n’est pas pour autant un véritable tabou pour la plupart des acteurs rencontrés”. Évidemment, plusieurs insuffisances ont été recensées par les consultants. Nous citerons en premier lieu le cadre législatif.
Les enquêteurs ont noté que ce cadre est “très ferme en matière de lutte contre les violences sexuelles sur mineurs mais celui-ci reste imprécis quant à la qualification exacte des actes et leur typologie”. Et de poursuivre que ces violences sont définies de manière très vague dans le code pénal. Pour ce qui est du signalement de l’acte de violence, aucun mécanisme n’existe à ce jour. Seuls les professionnels de santé sont tenus de signaler par “obligation morale” tout sévice repéré.
La prise en charge de l’enfant-victime n’est pas réellement assurée en raison de l’inexistence d’un organisme spécialisé. Les enquêteurs ont, par ailleurs, mis l’accent sur la prévention des abus sexuels. Un volet délaissé en raison, notamment, du manque de coordination entre les organismes étatiques et les différentes associations.
La même étude note que l’approche de la protection des enfants en Algérie demeure encore généraliste.
el watan

Citron

Citron

la violence sexuelle contre les enfants est un dossier qui ne sera pas propulsé au-devant de l’actualité de sitôt. Il devrait passer par des années de clandestinité avant de se frayer une place “publique”.
Comment prendre en charge ses enfants si la société ne les reconnait pas !

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