Alors que le colloque «Stop à la violence ! Les droits des femmes maintenant» qui devait se tenir hier à l’hôtel Es Safir a été interdit par la wilaya, les associations se sont retrouvées pour un débat à l’Association du planning familial.
La non autorisation du colloque international sur les violences à l’égard des femmes qui devait se tenir hier a poussé à la tenue d’une journée débat au niveau du siège de l’Association du planning familial, coordinateur de la conférence. C’est dans un bureau trop exigu pour contenir le nombre d’intervenants que les travaux se sont déroulés hier tant bien que mal. Après avoir pris acte de la décision des autorités de bafouer le droit à la libre expression des femmes, Fadéla Chitour a présenté le programme en précisant que la décision de maintenir les travaux, tient du fait de l’importance de la capitalisation des expériences des pays participants à la conférence, à savoir la Tunisie, l’Italie, la France (même si une des conférencières n’est pas venue faute de visa), ainsi que le Maroc et la Tunisie.
Dans son exposé sur l’état des lieux de la prise en charge des femmes victimes de violence en Algérie, la sociologue Fatma Oussedik est revenue sur l’historique et le contexte dans lequel celles-ci ont eu lieu, mais également sur le combat du mouvement associatif pour arracher les quelques acquis en matière de structures de veille, d’écoute et de prise en charge mais également le dispositif de prévention, qu’il faudra «renforcer et doter de moyens humains et matériels». Dans sa conclusion elle a appellé les participants à trouver des réponses aux question qui restent posées selon elle, à savoir : «Comment saisir l’ensemble du dossier des violences contre les femmes à partir de l’éclairage des conventions internationales qui consacrent la dignité de la personne, démasquer les inégalités pour que les lois ne soient plus ambivalentes à l’endroit des femmes, offrir aux victimes un lieu d’accueil, d’écoute et de parole, en encourageant les ONG, les chercheurs et les intervenants dans les différentes institutions qui travaillent dans le champ de la prise en charge, collecter de façon coordonnée les données statistiques sur les violences pour les rendre visibles, ne plus les banaliser et leur trouver d’excuses pour qu’elles soient sanctionnées pénalement et enfin comment travailler en réseau et articuler les actions pour prévenir cette violence particulière».
Ce sont en fait ces interrogations qui suscité le débat autour de la nécessité d’une meilleure protection des femmes contre les violences. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Faika Medjahed, dans sa présentation de l’argumentaire de la conférence. Le but dit-elle est de s’engager dans la réflexion autour d’un plaidoyer pour une loi cadre contre les violences à l’égard des femmes, et qui selon elle, «constituera la pierre de touche de notre mobilisation et de nos engagements prochains». Farudja Moussaoui a mis en exergue les lacunes et les ambivalences des textes algériens en la matière tout en citant des cas concrets, avant de souligner le problème de la mauvaise et non application des textes. Elle a terminé en réaffirmant la nécessité de combler le vide juridique en la matière et de renforcer certaines dispositions existantes. L’exposé de l’expérience italienne par Maria Grazia Ruggerini, a permis de constater que le problème de violence et surtout de prise en charge des victimes ne touche pas uniquement l’Algérie, mais également les pays les plus avancés en matière de protection des droits de l’homme. La conférencière a insisté sur la difficulté de faire avancer les choses, du fait du refus des milieux catholiques qui ont un poids très fort dans la société italienne. La chance précise t-elle, «C’est la décentralisation. Pour éviter les lois nationales, certaines régions ont élaboré des textes qui leur permettent de contourner ou de donner une nouvelle interprétation à certaines dispositions».
Elle a fait état du mécanisme de prise en charge instauré par la société civile qui «a fait ses preuves sur le terrain, grâce à la conjugaison des efforts avec les conseils locaux,, souvent très sensibles à la question des violences». Mme Graba, professeur en droit, s’est attelée à dévoiler la multitude de textes qui existent en Algérie, et qui méritent d’être rassemblés, revus et corrigés. Selon elle, ils sont plein de contradictions et d’ambivalence au point où leur application suscite plus de problèmes qu’elle n’en résout. Elle a appellé à une loi spécifique relative aux violences contre les femmes, qui définit celles-ci et énonce les procédures claires à suivre afin d’éviter aux victimes toutes les tracasseries qui les empêchent souvent à dénoncer. Lors du débat qui a suivi les conférences, les participants se sont montrés très intéressés par cette expérience qui a mis en relief le rôle de l’Etat avant tout.
Certaines intervenantes ont insisté sur le rôle de l’école «où l’on doit apprendre aux petites filles qu’elles doivent dénoncer leurs agresseurs», et d’autres ont mis en exergue les difficultés rencontrées par les femmes victimes de viol et les violences morales qu’elles subissent au niveau des commissariats, des tribunaux et des hôpitaux. «Il est important de mettre l’accent sur la formation des policiers, des juges et des médecins sur la prise en charge des femmes victimes de violences» ont-elles plaidé. Mme Chitour a demandé à l’assistance de réfléchir à une action pour dénoncer les violations comme l’interdiction du colloque. Les travaux se sont terminés en fin de journée, avec un goût d’inachevé, mais surtout de frustration en cette journée internationale contre les violences à l’égard des femmes.
Salima Tlemçani
La non autorisation du colloque international sur les violences à l’égard des femmes qui devait se tenir hier a poussé à la tenue d’une journée débat au niveau du siège de l’Association du planning familial, coordinateur de la conférence. C’est dans un bureau trop exigu pour contenir le nombre d’intervenants que les travaux se sont déroulés hier tant bien que mal. Après avoir pris acte de la décision des autorités de bafouer le droit à la libre expression des femmes, Fadéla Chitour a présenté le programme en précisant que la décision de maintenir les travaux, tient du fait de l’importance de la capitalisation des expériences des pays participants à la conférence, à savoir la Tunisie, l’Italie, la France (même si une des conférencières n’est pas venue faute de visa), ainsi que le Maroc et la Tunisie.
Dans son exposé sur l’état des lieux de la prise en charge des femmes victimes de violence en Algérie, la sociologue Fatma Oussedik est revenue sur l’historique et le contexte dans lequel celles-ci ont eu lieu, mais également sur le combat du mouvement associatif pour arracher les quelques acquis en matière de structures de veille, d’écoute et de prise en charge mais également le dispositif de prévention, qu’il faudra «renforcer et doter de moyens humains et matériels». Dans sa conclusion elle a appellé les participants à trouver des réponses aux question qui restent posées selon elle, à savoir : «Comment saisir l’ensemble du dossier des violences contre les femmes à partir de l’éclairage des conventions internationales qui consacrent la dignité de la personne, démasquer les inégalités pour que les lois ne soient plus ambivalentes à l’endroit des femmes, offrir aux victimes un lieu d’accueil, d’écoute et de parole, en encourageant les ONG, les chercheurs et les intervenants dans les différentes institutions qui travaillent dans le champ de la prise en charge, collecter de façon coordonnée les données statistiques sur les violences pour les rendre visibles, ne plus les banaliser et leur trouver d’excuses pour qu’elles soient sanctionnées pénalement et enfin comment travailler en réseau et articuler les actions pour prévenir cette violence particulière».
Ce sont en fait ces interrogations qui suscité le débat autour de la nécessité d’une meilleure protection des femmes contre les violences. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Faika Medjahed, dans sa présentation de l’argumentaire de la conférence. Le but dit-elle est de s’engager dans la réflexion autour d’un plaidoyer pour une loi cadre contre les violences à l’égard des femmes, et qui selon elle, «constituera la pierre de touche de notre mobilisation et de nos engagements prochains». Farudja Moussaoui a mis en exergue les lacunes et les ambivalences des textes algériens en la matière tout en citant des cas concrets, avant de souligner le problème de la mauvaise et non application des textes. Elle a terminé en réaffirmant la nécessité de combler le vide juridique en la matière et de renforcer certaines dispositions existantes. L’exposé de l’expérience italienne par Maria Grazia Ruggerini, a permis de constater que le problème de violence et surtout de prise en charge des victimes ne touche pas uniquement l’Algérie, mais également les pays les plus avancés en matière de protection des droits de l’homme. La conférencière a insisté sur la difficulté de faire avancer les choses, du fait du refus des milieux catholiques qui ont un poids très fort dans la société italienne. La chance précise t-elle, «C’est la décentralisation. Pour éviter les lois nationales, certaines régions ont élaboré des textes qui leur permettent de contourner ou de donner une nouvelle interprétation à certaines dispositions».
Elle a fait état du mécanisme de prise en charge instauré par la société civile qui «a fait ses preuves sur le terrain, grâce à la conjugaison des efforts avec les conseils locaux,, souvent très sensibles à la question des violences». Mme Graba, professeur en droit, s’est attelée à dévoiler la multitude de textes qui existent en Algérie, et qui méritent d’être rassemblés, revus et corrigés. Selon elle, ils sont plein de contradictions et d’ambivalence au point où leur application suscite plus de problèmes qu’elle n’en résout. Elle a appellé à une loi spécifique relative aux violences contre les femmes, qui définit celles-ci et énonce les procédures claires à suivre afin d’éviter aux victimes toutes les tracasseries qui les empêchent souvent à dénoncer. Lors du débat qui a suivi les conférences, les participants se sont montrés très intéressés par cette expérience qui a mis en relief le rôle de l’Etat avant tout.
Certaines intervenantes ont insisté sur le rôle de l’école «où l’on doit apprendre aux petites filles qu’elles doivent dénoncer leurs agresseurs», et d’autres ont mis en exergue les difficultés rencontrées par les femmes victimes de viol et les violences morales qu’elles subissent au niveau des commissariats, des tribunaux et des hôpitaux. «Il est important de mettre l’accent sur la formation des policiers, des juges et des médecins sur la prise en charge des femmes victimes de violences» ont-elles plaidé. Mme Chitour a demandé à l’assistance de réfléchir à une action pour dénoncer les violations comme l’interdiction du colloque. Les travaux se sont terminés en fin de journée, avec un goût d’inachevé, mais surtout de frustration en cette journée internationale contre les violences à l’égard des femmes.
Salima Tlemçani