Qu'un obscur pasteur intégriste, à la tête d'une secte d'une cinquantaine de personnes, reçoive l'attention du Pentagone, du président des Etats-Unis, du secrétaire général des Nations unies, du Vatican et des leaders du monde musulman, a quelque chose de surréaliste. Qu'une partie de la planète soit suspendue à ses déclarations, pour savoir si oui ou non, il va mettre sa menace à exécution et brûler 200 exemplaires du Coran samedi, neuf ans après les attentats du 11 septembre, interpelle. Avec une question: les médias ont-ils jeté du napalm sur le brasier?
Dans le New York Times, Alan Wolfe, professeur de sciences politiques, reformule la problématique. «Les médias doivent-ils offrir à Terry Jones la publicité qu'il recherche désespérément?» Le débat fait rage, au sein-même des rédactions.
Qu'un obscur pasteur intégriste, à la tête d'une secte d'une cinquantaine de personnes, reçoive l'attention du Pentagone, du président des Etats-Unis, du secrétaire général des Nations unies, du Vatican et des leaders du monde musulman, a quelque chose de surréaliste. Qu'une partie de la planète soit suspendue à ses déclarations, pour savoir si oui ou non, il va mettre sa menace à exécution et brûler 200 exemplaires du Coran samedi, neuf ans après les attentats du 11 septembre, interpelle. Avec une question: les médias ont-ils jeté du napalm sur le brasier?
Dans le New York Times, Alan Wolfe, professeur de sciences politiques, reformule la problématique. «Les médias doivent-ils offrir à Terry Jones la publicité qu'il recherche désespérément?» Le débat fait rage, au sein-même des rédactions.
150 interviews en deux mois
Tout commence de manière plutôt anodine. Le 31 juillet dernier, 20minutes.fr, l'AFP, la BBC et tous les médias majeurs se penchent sur l'appel d'un pasteur inconnu à brûler le Coran qui rencontre un certain succès sur les réseaux sociaux (1.600 «fans» Facebook à l'époque, 17.370 aujourd'hui). Le pasteur fait activement la promotion de l'événement tout l'été, accordant 150 interviews sur juillet-août, surtout à des médias locaux. Suffisant pour attirer l'attention des médias du monde musulmans.
Le tournant survient le 7 septembre. Le général Petraeus, en charge des forces de l'Otan en Afghanistan, avertit que brûler le Coran pourrait mettre en danger la vie de ses troupes. De Kaboul à Mogadiscio, des musulmans descendent dans la rue et brûlent des drapeaux américains. Le moustache du révérend Jones envahit alors tous les écrans, de CNN à Fox News. Twitter et Facebook s'emballent. Obama s'en mêle. Le Pentagone appelle directement Terry Jones pour lui demander de renoncer. D'un fait divers local, l'événement est devenu un enjeu géopolitique.
Le pasteur se délecte de l'attention et souffle le chaud et le froid. Jeudi, il annonce qu'il annule son plan, avant de changer d'avis et de simplement le mettre en pause. Vendredi pour sa nouvelle conférence de presse, aucune caméra américaine n'est présente, selon la télé britannique Sky News. Plusieurs télévisions internationales le filment cependant. Il lance un ultimatum à l'imam en charge de la construction d'une mosquée à deux pas de Ground Zero, à New York, pour qu'il trouve un autre endroit pour son projet.
Chacun sa part de responsabilité
«Regardez dans le miroir», lance à chaque individu (médias, politiques et public confondus) Dan Gilmor, cadre de l'école de journalisme de l'université de l'Arizona. Selon lui, «si les médias cèdent à la facilité» et donnent trop d'importance à un individu comme Terry Jones, c'est qu'ils savent «que le public s'en délecte».
Faut-il pour autant alimenter cette faim? Dans le cas de Terry Jones, la réponse est plus complexe que la question. L'Eglise baptiste intégriste de Westborough a déjà brûlé des Corans, dans une certaine indifférence. Mais l'épisode actuel, démultiplié par l'anniversaire ultra-sensible du 11-septembre et le débat sur le projet de mosquée à Ground Zero, ne fait que révéler l'islamophobie grimpante dans le monde occidental (mosquée à New York, minarets en Suisse, burqa en France). Le phénomène ne peut être simplement ignoré. «A un moment, news is news (l'actu, c'est l'actu)», même Terry Jones, défend l'historien Rick Perlstein.
Rejet de la mosquée de Ground Zero
Selon Alan Wolfe, la polémique a même le mérite de révéler l'importance du malaise. Terry Jones ne serait, au fond, pas la maladie mais le thermomètre. Pour Geneva Overholser, directrice de l'école de journalisme de l'université californienne USC, les menaces de Terry Jones et leur relais dans les médias «ont poussé des membres de différents clergés et confessions à se rassembler et à dialoguer». Obama s'est trouvé contraint de clarifier sa position sur la mosquée de Ground Zero. «Si on peut y bâtir une église, une synagogue ou un temple hindou, on peut y bâtir une mosquée», a martelé le président vendredi. Pour que Terry Jones et l'opinion l'acceptent, il y a encore du boulot: 61% des Américains sont opposés au projet.
20minutes.fr
Dans le New York Times, Alan Wolfe, professeur de sciences politiques, reformule la problématique. «Les médias doivent-ils offrir à Terry Jones la publicité qu'il recherche désespérément?» Le débat fait rage, au sein-même des rédactions.
Qu'un obscur pasteur intégriste, à la tête d'une secte d'une cinquantaine de personnes, reçoive l'attention du Pentagone, du président des Etats-Unis, du secrétaire général des Nations unies, du Vatican et des leaders du monde musulman, a quelque chose de surréaliste. Qu'une partie de la planète soit suspendue à ses déclarations, pour savoir si oui ou non, il va mettre sa menace à exécution et brûler 200 exemplaires du Coran samedi, neuf ans après les attentats du 11 septembre, interpelle. Avec une question: les médias ont-ils jeté du napalm sur le brasier?
Dans le New York Times, Alan Wolfe, professeur de sciences politiques, reformule la problématique. «Les médias doivent-ils offrir à Terry Jones la publicité qu'il recherche désespérément?» Le débat fait rage, au sein-même des rédactions.
150 interviews en deux mois
Tout commence de manière plutôt anodine. Le 31 juillet dernier, 20minutes.fr, l'AFP, la BBC et tous les médias majeurs se penchent sur l'appel d'un pasteur inconnu à brûler le Coran qui rencontre un certain succès sur les réseaux sociaux (1.600 «fans» Facebook à l'époque, 17.370 aujourd'hui). Le pasteur fait activement la promotion de l'événement tout l'été, accordant 150 interviews sur juillet-août, surtout à des médias locaux. Suffisant pour attirer l'attention des médias du monde musulmans.
Le tournant survient le 7 septembre. Le général Petraeus, en charge des forces de l'Otan en Afghanistan, avertit que brûler le Coran pourrait mettre en danger la vie de ses troupes. De Kaboul à Mogadiscio, des musulmans descendent dans la rue et brûlent des drapeaux américains. Le moustache du révérend Jones envahit alors tous les écrans, de CNN à Fox News. Twitter et Facebook s'emballent. Obama s'en mêle. Le Pentagone appelle directement Terry Jones pour lui demander de renoncer. D'un fait divers local, l'événement est devenu un enjeu géopolitique.
Le pasteur se délecte de l'attention et souffle le chaud et le froid. Jeudi, il annonce qu'il annule son plan, avant de changer d'avis et de simplement le mettre en pause. Vendredi pour sa nouvelle conférence de presse, aucune caméra américaine n'est présente, selon la télé britannique Sky News. Plusieurs télévisions internationales le filment cependant. Il lance un ultimatum à l'imam en charge de la construction d'une mosquée à deux pas de Ground Zero, à New York, pour qu'il trouve un autre endroit pour son projet.
Chacun sa part de responsabilité
«Regardez dans le miroir», lance à chaque individu (médias, politiques et public confondus) Dan Gilmor, cadre de l'école de journalisme de l'université de l'Arizona. Selon lui, «si les médias cèdent à la facilité» et donnent trop d'importance à un individu comme Terry Jones, c'est qu'ils savent «que le public s'en délecte».
Faut-il pour autant alimenter cette faim? Dans le cas de Terry Jones, la réponse est plus complexe que la question. L'Eglise baptiste intégriste de Westborough a déjà brûlé des Corans, dans une certaine indifférence. Mais l'épisode actuel, démultiplié par l'anniversaire ultra-sensible du 11-septembre et le débat sur le projet de mosquée à Ground Zero, ne fait que révéler l'islamophobie grimpante dans le monde occidental (mosquée à New York, minarets en Suisse, burqa en France). Le phénomène ne peut être simplement ignoré. «A un moment, news is news (l'actu, c'est l'actu)», même Terry Jones, défend l'historien Rick Perlstein.
Rejet de la mosquée de Ground Zero
Selon Alan Wolfe, la polémique a même le mérite de révéler l'importance du malaise. Terry Jones ne serait, au fond, pas la maladie mais le thermomètre. Pour Geneva Overholser, directrice de l'école de journalisme de l'université californienne USC, les menaces de Terry Jones et leur relais dans les médias «ont poussé des membres de différents clergés et confessions à se rassembler et à dialoguer». Obama s'est trouvé contraint de clarifier sa position sur la mosquée de Ground Zero. «Si on peut y bâtir une église, une synagogue ou un temple hindou, on peut y bâtir une mosquée», a martelé le président vendredi. Pour que Terry Jones et l'opinion l'acceptent, il y a encore du boulot: 61% des Américains sont opposés au projet.
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