Il était 19 heures 30 avant-hier lorsqu'on est arrivés au village de Mezizoui, dans la wilaya de Mila, rendre visite, sans prévenir, aux deux femmes les plus pauvres d’Algérie… Nous avons frappé à une planche qui sert de porte au semblant de taudis qui se dressait devant nous… la porte s’est ouverte sur les deux femmes, penchées sur une pseudo table de Ftour "garnie" de quelques figues de barbarie, un peu d’eau et du couscous sans viande, sans sauce ni autre condiment…
* Le décor était frappant lorsqu’on pense aux familles qui garnissent de plats les plus riches et les plus délicieux leur table du ftour, qui font même plaisir à leur animal de compagnie en lui achetant différents types de viandes… Nous avons pensé à ceux qui mangent du caviar, le homard et autres mets dont on ignore même le nom. Nous nous sommes rappelés les promesses électorales qui précédent chaque élection communale ou législative. .. Yamina et Soltana ont peut-être donné leurs voix à ces candidats…
* Ces deux femmes ont plus de cinquante ans, elles sont petites et menues, malades et handicapées à cent pour cent… Si certains ne peuvent se permettre d’acheter de la viande durant Ramadhan, Yamina et Soltana ne peuvent même pas s’offrir le luxe de se soigner ou de se rendre chez le médecin.
* on a déjà eu à se rendre chez les deux sœurs en mai dernier et souhaité que l’aide suivant la parution de l’article ne soit pas conjoncturelle… Mais Soltana et Yamina nous ont dit textuellement : «Nous ne voulons pas d’argent, ni de logement, mais nous voulons juste ne pas avoir faim, ni avoir froid, l’hiver».
* Les aides qui ont suivi la parution du reportage , étaient conjoncturelles, certains ont offert de la vaisselle, d’autres des couvertures, et un des bienfaiteurs a équipé les sœurs d’une parabole et d’un téléviseur que les sœurs ne se lassent pas de regarder.
* Nous avons hésité à poser la question de peur de connaitre la réponse… «Avez-vous reçu le couffin de Ramadhan ?». Yamina qui rampe sur le visage n’a peut-être jamais esquissé un sourire, mais là, elle rit de notre ignorance.
* Nous aurions voulu vous montrer l’endroit où se trouve la bicoque en pierre des deux sœurs, un endroit infesté de serpents et de rats, alors que les insectes vivent carrément à l’intérieur. ..
* Pourtant, après la publication de notre reportage, des milliers de bienfaiteurs ont dit être prêts à aider ces femmes, le maire et les services des affaires sociales leur ont rendu visite… Après ? Plus rien. La campagne était terminée. Terminé également le stock de nourriture offert à l’époque, Ramadhan est très dur, dans des conditions aussi dures et misérables.
* Yamina et Soltana étaient heureuses de nous voir à quelques minutes de la rupture du jeûne. Elles nous ont conviés à partager leur repas… Ces figues de barbarie qu’elles ont appris à cueillir même en rampant, elles ne ressentent plus la douleur des épines qui leur écorchent la peau…
* Il était difficile de rester dans cette masure. Les femmes se rappellent leur mère qui prenait soin d’elles, et leur père mort depuis bien longtemps. La mère est décédée il y a six ans, et depuis, les deux sœurs rôdent dans les fourrés à la recherche d’un petit quelque chose à manger. Pire. Dans ce village de Mezizoui, relevant de la localité de Bouilef qui, elle, dépend de l’APC d’Amirat Aras (daïra de Bainen), la vie est impitoyable. Il est impensable de croire que les deux sœurs n’ont rien eu à se mettre sous la dent à la rupture du jeûne. Elles ont réussi le soir à obtenir un bout de Zlabia d’un bienfaiteur. L’âge et l’handicap ne leur permettent pas de ramper 5 kilomètres jusqu’à la maison de leur autre sœur pour avoir de la nourriture, mais celle-ci leur apporte dès qu’elle peut, un peu à manger pour tenir quelques jours.
* Malgré l’état de délabrement, la misère, le spectre de la mort qui plane sur le taudis, un taudis qui n’est pas raccordé au réseau d’eau potable, les deux femmes ne manquent pas de remercier le bon Dieu, ainsi que tous les donateurs qui ont eu une attention pour elles. Soltana nous confie que dès qu’il n’y a plus de nourriture, elle a peur de la mort.
* Nous partons en emportant cette phrase dans nos têtes. Nous essayons de contacter le maire d’Amirat Aras qui est aux abonnés absents. A la direction des affaires sociales de Mila, personne ne veut nous parler, car le directeur (en congé) a donné l’instruction de ne pas répondre à la presse. Les services de l’insertion sociale ont pour leur part reconnu que la distribution du couffin connait un retard et ont promis que l’opération touchera en premier les deux sœurs… à supposer que celles-ci puissent tenir tête à la misère et à la faim et vivre aussi longtemps pour recevoir ce couffin.
echourouk
* Le décor était frappant lorsqu’on pense aux familles qui garnissent de plats les plus riches et les plus délicieux leur table du ftour, qui font même plaisir à leur animal de compagnie en lui achetant différents types de viandes… Nous avons pensé à ceux qui mangent du caviar, le homard et autres mets dont on ignore même le nom. Nous nous sommes rappelés les promesses électorales qui précédent chaque élection communale ou législative. .. Yamina et Soltana ont peut-être donné leurs voix à ces candidats…
* Ces deux femmes ont plus de cinquante ans, elles sont petites et menues, malades et handicapées à cent pour cent… Si certains ne peuvent se permettre d’acheter de la viande durant Ramadhan, Yamina et Soltana ne peuvent même pas s’offrir le luxe de se soigner ou de se rendre chez le médecin.
* on a déjà eu à se rendre chez les deux sœurs en mai dernier et souhaité que l’aide suivant la parution de l’article ne soit pas conjoncturelle… Mais Soltana et Yamina nous ont dit textuellement : «Nous ne voulons pas d’argent, ni de logement, mais nous voulons juste ne pas avoir faim, ni avoir froid, l’hiver».
* Les aides qui ont suivi la parution du reportage , étaient conjoncturelles, certains ont offert de la vaisselle, d’autres des couvertures, et un des bienfaiteurs a équipé les sœurs d’une parabole et d’un téléviseur que les sœurs ne se lassent pas de regarder.
* Nous avons hésité à poser la question de peur de connaitre la réponse… «Avez-vous reçu le couffin de Ramadhan ?». Yamina qui rampe sur le visage n’a peut-être jamais esquissé un sourire, mais là, elle rit de notre ignorance.
* Nous aurions voulu vous montrer l’endroit où se trouve la bicoque en pierre des deux sœurs, un endroit infesté de serpents et de rats, alors que les insectes vivent carrément à l’intérieur. ..
* Pourtant, après la publication de notre reportage, des milliers de bienfaiteurs ont dit être prêts à aider ces femmes, le maire et les services des affaires sociales leur ont rendu visite… Après ? Plus rien. La campagne était terminée. Terminé également le stock de nourriture offert à l’époque, Ramadhan est très dur, dans des conditions aussi dures et misérables.
* Yamina et Soltana étaient heureuses de nous voir à quelques minutes de la rupture du jeûne. Elles nous ont conviés à partager leur repas… Ces figues de barbarie qu’elles ont appris à cueillir même en rampant, elles ne ressentent plus la douleur des épines qui leur écorchent la peau…
* Il était difficile de rester dans cette masure. Les femmes se rappellent leur mère qui prenait soin d’elles, et leur père mort depuis bien longtemps. La mère est décédée il y a six ans, et depuis, les deux sœurs rôdent dans les fourrés à la recherche d’un petit quelque chose à manger. Pire. Dans ce village de Mezizoui, relevant de la localité de Bouilef qui, elle, dépend de l’APC d’Amirat Aras (daïra de Bainen), la vie est impitoyable. Il est impensable de croire que les deux sœurs n’ont rien eu à se mettre sous la dent à la rupture du jeûne. Elles ont réussi le soir à obtenir un bout de Zlabia d’un bienfaiteur. L’âge et l’handicap ne leur permettent pas de ramper 5 kilomètres jusqu’à la maison de leur autre sœur pour avoir de la nourriture, mais celle-ci leur apporte dès qu’elle peut, un peu à manger pour tenir quelques jours.
* Malgré l’état de délabrement, la misère, le spectre de la mort qui plane sur le taudis, un taudis qui n’est pas raccordé au réseau d’eau potable, les deux femmes ne manquent pas de remercier le bon Dieu, ainsi que tous les donateurs qui ont eu une attention pour elles. Soltana nous confie que dès qu’il n’y a plus de nourriture, elle a peur de la mort.
* Nous partons en emportant cette phrase dans nos têtes. Nous essayons de contacter le maire d’Amirat Aras qui est aux abonnés absents. A la direction des affaires sociales de Mila, personne ne veut nous parler, car le directeur (en congé) a donné l’instruction de ne pas répondre à la presse. Les services de l’insertion sociale ont pour leur part reconnu que la distribution du couffin connait un retard et ont promis que l’opération touchera en premier les deux sœurs… à supposer que celles-ci puissent tenir tête à la misère et à la faim et vivre aussi longtemps pour recevoir ce couffin.
echourouk