“Mon père m’a fait des choses que le cerveau humain ne peut imaginer.” Ce cri de douleur est venu d’un enfant de 9 ans à peine, deux ans après les faits qui l’ont marqué à jamais. En écoutant son témoignage, on ne croirait jamais qu’il vient de la bouche d’un simple gosse. On aurait aisément pensé, en remarquant la facilité du verbe et la façon avec laquelle la victime racontait sa mésaventure, qu’il s’agirait d’un adulte. La vitesse avec laquelle il balançait son témoignage en évitant de prononcer le mot père, en parlant de lui à la troisième personne montre toute la rancœur et la rage dont s’est rempli son petit cœur. Et prouve que le poids du secret devenait de plus en plus lourd et qu’il était temps de s’en débarrasser. “Je n’ai rien dit à personne. Je ne parle jamais de ça. J’ai tout gardé dans mon cœur. J’ai simplement refusé d’aller le voir. Car j’étais convaincu que si je l’avais fait, il m’aurait fait pire que les autres fois.” Malheureusement, pour ce petit homme, il n’y a pas que le comportement de son père qui l’a traumatisé à vie mais il a dû vivre une autre dure épreuve qui l’a autant brisé. D’abord, le policier qui l’a reçu au commissariat après sa fugue de la maison. L’enfant, qui s’attendait à une meilleure assuarance et protection, a eu d’emblée droit à : “Tu rentres à la maison, ta mère va venir te chercher.” Un accueil qui l’a complètement assommé. Et puis, raconte-t-il, son entretien avec le juge. À la question de savoir comment était le comportement du juge envers lui, il lance amèrement : “Il m’a posé un tas de questions mais j’ai senti qu’il le protégeait lui (son père, ndlr), pas moi.” De cette dure et douloureuse épreuve que son innocence a dû subir, il a quand même pu tirer des enseignements : “Il faut écouter les enfants. Les adultes font tout pour faire croire qu’on ment. Les enfants ont le droit de se défendre.” Et aux enfants qui sont victimes d’abus sexuels, il conseille de “le dire à leurs proches et de ne pas s’en cacher.”
el watan
el watan