Un rapport de l'Agence de sécurité sanitaire alimentation, environnement et travail (Anses), créée en début d'année, passe au crible 15 régimes, les plus répandus, détaillant leurs effets néfastes pour la santé. Des évidences qui remettent une fois de plus en cause notre alimentation et notre mode de vie.
Tous, un jour ou l’autre, se sont dits révolutionnaires. Pourtant, un rapporte de l'Agence de sécurité sanitaire alimentation, environnement et travail (Anses) met en garde contre les dangers liés aux régimes. Ce n’est pas une découverte. Entre les hypo-caloriques et ceux basés sur la consommation exclusive, ou l’exclusion, de tel ou tel élément, les risques sont évidents, notamment les déséquilibres en macronutriments. Malgré tout, leur succès ne faiblit pas –merci la dictature de l’apparence... Nombre de personnes en surpoids préfèrent prendre ces risques que de subir une silhouette ne correspondant pas aux canons de beauté. Et ceci trop souvent sans consulter de médecin nutritionniste ou diététicien –notamment à cause de la floraison de «recettes miracles» sur internet. Pis, nombre de personnes s’imposent des régimes sans même présenter d’excès pondéral effectif *. Ainsi le rapport de l'Agence de sécurité sanitaire alimentation, environnement et travail (Anses), publié ce mercredi, pointe les risques de ces pratiques. L’Anses, saisie par le ministère chargé de la santé sur la question, a passé au crible 15 régimes parmi les plus connus, et les accable tous. Elle rappelle que le surpoids et l'obésité touchent respectivement 32 % et 15 % des personnes de plus de 18 ans en France, et «constituent un véritable problème de santé publique qui nécessite la prise en charge par un professionnel de santé.»
Le régime Montignac: «Je mange, donc je maigris… et je reste mince», basé sur la séparation des lipides et des glucides, et sur le concept d’index glycémique ; la méthode hyper-protéinée du Dr Dukan, la plus en vue du moment (elle a été suivie par 10 millions de personnes en France) ; le régime Weight Watchers et son programme ProPoints basé sur de l’exercice et une alimentation plus intelligente, en fonction de notre âge et mode de vie ; le régime Mayo, rapide et très restrictif sur le plan calorique ; le régime The Zone, surnommé le régime des stars pour le succès qu’il a eu auprès des célébrités dans les années 90, fonctionnant sur une association précise entre les différentes molécules énergétiques alimentaires ; ou encore la cure de soupe et purificatrice au citron, pour ne citer que les plus connus…. Tous présentent des effets néfastes sur le fonctionnement du corps, et notamment pour les os, le cœur et les reins, ainsi que sur le bien-être psychologique de la personne, qui souffrent trop souvent de troubles du comportement alimentaire.
Des carences dangereuses
En effet, le rapport constate de grands déséquilibres en macronutriments -lipides, glucides, protéines-, en vitamines et aussi en minéraux. Il note que les régimes contiennent souvent «beaucoup trop de sel», et trop de protéines (pour plus de 80% d’entre eux). Plusieurs -comme le Zone, Chrononut ou Atkins- proposent des apports lipidiques supérieurs aux apports nutritionnels conseillés (ANC). En revanche, les apports en fibres sont dans trois régimes sur quatre inférieurs aux ANC –jusqu’à dix fois moindres, pour certains… dont le régime Dukan L'apport en vitamine C est également souvent trop faible (Dukan et Fricker). La tendance est la même quant à l'apport en vitamine D, sauf pour le régime Dukan durant les phases 2 et 3, où il est quatre fois plus élevé que les recommandations. Idem pour les besoins en calcium (Mayo, Montignac durant la phase 2 ou encore Fricker pendant la phase 3). Lors de ses deux dernières phases, le régime Dukan apporte à l’inverse deux fois trop de calcium, et lors de sa première phase, deux fois trop de sodium. Et de fil en aiguille d’autres problèmes se greffent. Brièvement: la pratique des régimes amaigrissants est délétère pour l’intégrité du capital osseux et peut donc augmenter les risques de fractures, ou encore une carence en glucides complexes et fibres peut augmenter les risques de cancer colorectal… En outre, la perte de poids peut engendrer des troubles de l’ovulation chez la femme. Dernier exemple: une restriction calorique importante peut provoquer des inflammations et fibrose modérées aux niveaux hépatique et portal ainsi que des calculs biliaires.
Dernier axe de l’étude: les effets souvent éphémères de perte de poids. Selon l’Agence créée en début d’année, «dans 95% des cas, il y a reprise de poids après le régime». «Chaque régime est moins efficace que le précédent, et la reprise de poids est plus importante», explique au «Parisien» Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille (Nord) et président du groupe de travail, qui a contribué à sur ce rapport. «Plus on fait de régimes, plus on favorise la reprise pondérale, a fortiori en l'absence d'activité physique, qui constitue un facteur essentiel de stabilisation du poids.» Cette étude est le fruit d'un processus d'expertise collective réalisé par un groupe de travail composé de scientifiques et d'experts en nutrition. Mais l’enquête ne s’arrête pas là. Le sujet va faire l’objet d’une consultation des membres de la communauté scientifique et médicale, des représentants associatifs et des responsables des organisations professionnelles, jusqu'au 31 décembre 2010, dans le but d'établir des recommandations dans un avis à paraitre début 2011.
Pour l’heure, ces simples conclusions suffisent à se demander si un simple retour à une alimentation saine ne pourrait pas suffire à endiguer la recrudescence de l’obésité. Elles interrogent une fois de plus sur la part de responsabilité du foisonnement de la «junk food» dans notre société. L'Anses rappelle d’ailleurs que «rien ne peut remplacer, en terme de santé, une alimentation équilibrée, diversifiée, en veillant à ce que les apports énergétiques journaliers ne dépassent pas les besoins. Par ailleurs, conclut-elle, pour réduire les risques de prise de poids, l'évolution des habitudes alimentaires doit être associée à une activité physique régulière».
(*) La classification internationale définit l'obésité chez la femme comme chez l'homme jusqu'à 65 ans, par un IMC (Indice de) égal ou supérieur Masse Corporelle à 30 kg/m2. Point final
Parismatch.com
Tous, un jour ou l’autre, se sont dits révolutionnaires. Pourtant, un rapporte de l'Agence de sécurité sanitaire alimentation, environnement et travail (Anses) met en garde contre les dangers liés aux régimes. Ce n’est pas une découverte. Entre les hypo-caloriques et ceux basés sur la consommation exclusive, ou l’exclusion, de tel ou tel élément, les risques sont évidents, notamment les déséquilibres en macronutriments. Malgré tout, leur succès ne faiblit pas –merci la dictature de l’apparence... Nombre de personnes en surpoids préfèrent prendre ces risques que de subir une silhouette ne correspondant pas aux canons de beauté. Et ceci trop souvent sans consulter de médecin nutritionniste ou diététicien –notamment à cause de la floraison de «recettes miracles» sur internet. Pis, nombre de personnes s’imposent des régimes sans même présenter d’excès pondéral effectif *. Ainsi le rapport de l'Agence de sécurité sanitaire alimentation, environnement et travail (Anses), publié ce mercredi, pointe les risques de ces pratiques. L’Anses, saisie par le ministère chargé de la santé sur la question, a passé au crible 15 régimes parmi les plus connus, et les accable tous. Elle rappelle que le surpoids et l'obésité touchent respectivement 32 % et 15 % des personnes de plus de 18 ans en France, et «constituent un véritable problème de santé publique qui nécessite la prise en charge par un professionnel de santé.»
Le régime Montignac: «Je mange, donc je maigris… et je reste mince», basé sur la séparation des lipides et des glucides, et sur le concept d’index glycémique ; la méthode hyper-protéinée du Dr Dukan, la plus en vue du moment (elle a été suivie par 10 millions de personnes en France) ; le régime Weight Watchers et son programme ProPoints basé sur de l’exercice et une alimentation plus intelligente, en fonction de notre âge et mode de vie ; le régime Mayo, rapide et très restrictif sur le plan calorique ; le régime The Zone, surnommé le régime des stars pour le succès qu’il a eu auprès des célébrités dans les années 90, fonctionnant sur une association précise entre les différentes molécules énergétiques alimentaires ; ou encore la cure de soupe et purificatrice au citron, pour ne citer que les plus connus…. Tous présentent des effets néfastes sur le fonctionnement du corps, et notamment pour les os, le cœur et les reins, ainsi que sur le bien-être psychologique de la personne, qui souffrent trop souvent de troubles du comportement alimentaire.
Des carences dangereuses
En effet, le rapport constate de grands déséquilibres en macronutriments -lipides, glucides, protéines-, en vitamines et aussi en minéraux. Il note que les régimes contiennent souvent «beaucoup trop de sel», et trop de protéines (pour plus de 80% d’entre eux). Plusieurs -comme le Zone, Chrononut ou Atkins- proposent des apports lipidiques supérieurs aux apports nutritionnels conseillés (ANC). En revanche, les apports en fibres sont dans trois régimes sur quatre inférieurs aux ANC –jusqu’à dix fois moindres, pour certains… dont le régime Dukan L'apport en vitamine C est également souvent trop faible (Dukan et Fricker). La tendance est la même quant à l'apport en vitamine D, sauf pour le régime Dukan durant les phases 2 et 3, où il est quatre fois plus élevé que les recommandations. Idem pour les besoins en calcium (Mayo, Montignac durant la phase 2 ou encore Fricker pendant la phase 3). Lors de ses deux dernières phases, le régime Dukan apporte à l’inverse deux fois trop de calcium, et lors de sa première phase, deux fois trop de sodium. Et de fil en aiguille d’autres problèmes se greffent. Brièvement: la pratique des régimes amaigrissants est délétère pour l’intégrité du capital osseux et peut donc augmenter les risques de fractures, ou encore une carence en glucides complexes et fibres peut augmenter les risques de cancer colorectal… En outre, la perte de poids peut engendrer des troubles de l’ovulation chez la femme. Dernier exemple: une restriction calorique importante peut provoquer des inflammations et fibrose modérées aux niveaux hépatique et portal ainsi que des calculs biliaires.
Dernier axe de l’étude: les effets souvent éphémères de perte de poids. Selon l’Agence créée en début d’année, «dans 95% des cas, il y a reprise de poids après le régime». «Chaque régime est moins efficace que le précédent, et la reprise de poids est plus importante», explique au «Parisien» Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille (Nord) et président du groupe de travail, qui a contribué à sur ce rapport. «Plus on fait de régimes, plus on favorise la reprise pondérale, a fortiori en l'absence d'activité physique, qui constitue un facteur essentiel de stabilisation du poids.» Cette étude est le fruit d'un processus d'expertise collective réalisé par un groupe de travail composé de scientifiques et d'experts en nutrition. Mais l’enquête ne s’arrête pas là. Le sujet va faire l’objet d’une consultation des membres de la communauté scientifique et médicale, des représentants associatifs et des responsables des organisations professionnelles, jusqu'au 31 décembre 2010, dans le but d'établir des recommandations dans un avis à paraitre début 2011.
Pour l’heure, ces simples conclusions suffisent à se demander si un simple retour à une alimentation saine ne pourrait pas suffire à endiguer la recrudescence de l’obésité. Elles interrogent une fois de plus sur la part de responsabilité du foisonnement de la «junk food» dans notre société. L'Anses rappelle d’ailleurs que «rien ne peut remplacer, en terme de santé, une alimentation équilibrée, diversifiée, en veillant à ce que les apports énergétiques journaliers ne dépassent pas les besoins. Par ailleurs, conclut-elle, pour réduire les risques de prise de poids, l'évolution des habitudes alimentaires doit être associée à une activité physique régulière».
(*) La classification internationale définit l'obésité chez la femme comme chez l'homme jusqu'à 65 ans, par un IMC (Indice de) égal ou supérieur Masse Corporelle à 30 kg/m2. Point final
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