Que reste-il de l'Egypte en Algérie?
Les officiels algériens viennent d’interdire la venue d’écrivains égyptiens à Alger pour le prochain Salon du livre, preuve que la rivalité entre les deux pays est toujours aussi tenace, même si le flou commercial et diplomatique est savamment entretenu. Six mois après la guerre de Khartoum, que devient le label égyptien au pays du 1 million et demi de martyrs ?
Pendant que la JSK revenait du chaudron du Caire avec un précieux nul, étrangement non diffusé par l’ENTV nationale, les organisateurs du Salon du livre maintenaient l’interdiction d’écrivains égyptiens à Alger pour la 15e édition du Sila prévue pour la rentrée. A l’inverse, huit mois après l’appel massif au boycott des entreprises et produits égyptiens en Algérie, Djezzy a toujours 13 millions d’abonnés (algériens) et reste le premier opérateur mobile du pays, pendant que les produits égyptiens continuent d’entrer sur le marché algérien, légalement et illégalement. Que se passe-t-il ? Populisme et réalités économiques s’affrontent, injonctions politiques et diplomaties feutrées se croisent, sans que personne n’ait bien compris la méthode, et surtout le but. Après avoir parlé d’une «question de dignité», Smaïl Ameziane, commissaire du Sila, change d’argumentation devant une pétition d’intellectuels condamnant le boycott en littérature et invoque «des raisons de sécurité».
Il faudrait donc aussi interdire les écrivains américains ou juifs, qu’on ne peut théoriquement protéger contre une foule en délire qui irait au Salon du livre avec des couteaux ? Soutenu par son ministre de la Culture qui dit «ne pas s’en mêler», ce que l’on a vraiment peine à croire, cette question de boycottage de livres perd de son sens quand on note que Alaa Al Aswany, talentueux écrivain égyptien, vient juste de passer sur Canal Algérie. Ahmed Halfaoui, l’un des initiateurs de la pétition contre l’interdiction des écrivains égyptiens, sourit : «Le club Al Ahly est venu en Algérie et Al Ismayili va bientôt venir. On peut donc assurer leur sécurité mais pas celle d’écrivains ? Ce qui voudrait dire que les lecteurs algériens sont plus dangereux que les supporters de football, c’est le monde à l’envers.» C’est d’ailleurs la question centrale, pourquoi les livres et pas les autres produits ? Il n’y a aucune logique particulière, si ce n’est une logique très commerciale. Ahmed Halfaoui reprend : «En Algérie, quand il y a un séisme, on n’occupe jamais les hangars des importateurs ou on réquisitionne les locaux des trabendistes. On met les sinistrés dans des écoles après avoir renvoyé les écoliers chez eux. »
Les officiels algériens viennent d’interdire la venue d’écrivains égyptiens à Alger pour le prochain Salon du livre, preuve que la rivalité entre les deux pays est toujours aussi tenace, même si le flou commercial et diplomatique est savamment entretenu. Six mois après la guerre de Khartoum, que devient le label égyptien au pays du 1 million et demi de martyrs ?
Pendant que la JSK revenait du chaudron du Caire avec un précieux nul, étrangement non diffusé par l’ENTV nationale, les organisateurs du Salon du livre maintenaient l’interdiction d’écrivains égyptiens à Alger pour la 15e édition du Sila prévue pour la rentrée. A l’inverse, huit mois après l’appel massif au boycott des entreprises et produits égyptiens en Algérie, Djezzy a toujours 13 millions d’abonnés (algériens) et reste le premier opérateur mobile du pays, pendant que les produits égyptiens continuent d’entrer sur le marché algérien, légalement et illégalement. Que se passe-t-il ? Populisme et réalités économiques s’affrontent, injonctions politiques et diplomaties feutrées se croisent, sans que personne n’ait bien compris la méthode, et surtout le but. Après avoir parlé d’une «question de dignité», Smaïl Ameziane, commissaire du Sila, change d’argumentation devant une pétition d’intellectuels condamnant le boycott en littérature et invoque «des raisons de sécurité».
Il faudrait donc aussi interdire les écrivains américains ou juifs, qu’on ne peut théoriquement protéger contre une foule en délire qui irait au Salon du livre avec des couteaux ? Soutenu par son ministre de la Culture qui dit «ne pas s’en mêler», ce que l’on a vraiment peine à croire, cette question de boycottage de livres perd de son sens quand on note que Alaa Al Aswany, talentueux écrivain égyptien, vient juste de passer sur Canal Algérie. Ahmed Halfaoui, l’un des initiateurs de la pétition contre l’interdiction des écrivains égyptiens, sourit : «Le club Al Ahly est venu en Algérie et Al Ismayili va bientôt venir. On peut donc assurer leur sécurité mais pas celle d’écrivains ? Ce qui voudrait dire que les lecteurs algériens sont plus dangereux que les supporters de football, c’est le monde à l’envers.» C’est d’ailleurs la question centrale, pourquoi les livres et pas les autres produits ? Il n’y a aucune logique particulière, si ce n’est une logique très commerciale. Ahmed Halfaoui reprend : «En Algérie, quand il y a un séisme, on n’occupe jamais les hangars des importateurs ou on réquisitionne les locaux des trabendistes. On met les sinistrés dans des écoles après avoir renvoyé les écoliers chez eux. »