«Il est parti à 7h mais est arrivé à 19h.» De quoi s’agit-il ? Du train Alger-Oran ? Non, d’un SMS, qui est en théorie quasi instantané.
Mais depuis les émeutes, les SMS, Short Message Service, ont du mal à passer, particulièrement dans la région Centre. Et pour cause, les services, DRS et police, ont décidé que le mal venait de là et ils les «écoutent», ce qui ralentit le réseau, ou, le cas échéant, bloquent complètement l’envoi de SMS pour éviter la contagion protestataire. Si les opérateurs nient toujours et parlent de perturbations, comme par hasard sur Djezzy, Nedjma et Mobilis et au même moment, Ahmed Badaoui, syndicaliste, a été arrêté sur la base d’un SMS intercepté à propos de la Tunisie : «Un dictateur est tombé aujourd’hui, et Ghenouchi essaye de sauver le système. Espérons que le tour des autres suivra, souhaitons tout ce mal à notre pays en espérant que cette contagion atteigne les portes d’Alger.» Poursuivi pour «outrage à corps constitué, incitation à rassemblement non autorisé et activité d’association non agréée», il risque la prison, créant par là un précédent : incarcérer une personne sur la base d’un SMS ? Pour Me Mokrane Aït Larbi, l’article 39 de la Constitution est clair (lire El Watan du 19 janvier), «le secret de la correspondance et de la communication privées, sous toutes leurs formes, est garanti». La confidentialité n’est plus assurée, mais le SMS est-il une preuve juridique ? Oui, comme une lettre ou un e-mail, tout ce que vous tapez pourra être retenu contre vous. C’est tout le danger, une blague sur Bouteflika envoyée par SMS et interceptée peut conduire à «outrage au président» et à 3 ans de prison ferme.
Soyez brefs
En branchant ses tuyaux pour «écouter» les SMS, on peut en savoir beaucoup sur l’état de la société et en générer des contre-actions rapides. 50 milliards de SMS/MMS ont été envoyés dans le monde en 2010 et en moyenne 7 millions de SMS sont échangés chaque jour en Algérie, cinq à dix fois plus lors des fêtes ou quand les événements s’accélèrent. En pleines émeutes, les services avaient commencé à «écouter» les réseaux sociaux Internet, facebook et Twitter, bloquant le trafic, alors que paradoxalement, la bande passante venait d’être élargie de 10 Go à 46 Go. Mais c’était trop gros, comment faire passer un filtrage-espionnage d’Internet alors que, officiellement, on expliquait les émeutes par des voyous pas du tout intéressés par la culture ou l’Internet.
Surtout, comment bloquer facebook après que Barack Obama himself a durement averti Meqnine Ezzine Benali en pleine révolution tunisienne, «de ne pas toucher aux libertés de l’Internet» ? Une enquête a d’ailleurs été déclenchée par les Américains sur le blocage de facebook en Algérie. Restent les SMS. Espionnés, bloqués, avec la docilité des trois opérateurs qui concèdent la mainmise sur l’intimité des Algérien(ne)s, et dans l’illégalité, puisqu’il faut un mandat du procureur. Si on comprend qu’il faille couper le réseau pour assurer une opération contre les maquis de Sid Ali Bouneb, on a du mal à admettre qu’il faille lire les SMS pour contrer les tentatives d’union de la société. Pour le régime et ses services, il n’y a qu’un seul ennemi et c’est la communication, il fera tout pour la contrôler. C’est son unique message, le seul SMS trouvé dans sa boîte d’envoi. Il vient d’arriver à tout le monde.
Chawki Amari
Mais depuis les émeutes, les SMS, Short Message Service, ont du mal à passer, particulièrement dans la région Centre. Et pour cause, les services, DRS et police, ont décidé que le mal venait de là et ils les «écoutent», ce qui ralentit le réseau, ou, le cas échéant, bloquent complètement l’envoi de SMS pour éviter la contagion protestataire. Si les opérateurs nient toujours et parlent de perturbations, comme par hasard sur Djezzy, Nedjma et Mobilis et au même moment, Ahmed Badaoui, syndicaliste, a été arrêté sur la base d’un SMS intercepté à propos de la Tunisie : «Un dictateur est tombé aujourd’hui, et Ghenouchi essaye de sauver le système. Espérons que le tour des autres suivra, souhaitons tout ce mal à notre pays en espérant que cette contagion atteigne les portes d’Alger.» Poursuivi pour «outrage à corps constitué, incitation à rassemblement non autorisé et activité d’association non agréée», il risque la prison, créant par là un précédent : incarcérer une personne sur la base d’un SMS ? Pour Me Mokrane Aït Larbi, l’article 39 de la Constitution est clair (lire El Watan du 19 janvier), «le secret de la correspondance et de la communication privées, sous toutes leurs formes, est garanti». La confidentialité n’est plus assurée, mais le SMS est-il une preuve juridique ? Oui, comme une lettre ou un e-mail, tout ce que vous tapez pourra être retenu contre vous. C’est tout le danger, une blague sur Bouteflika envoyée par SMS et interceptée peut conduire à «outrage au président» et à 3 ans de prison ferme.
Soyez brefs
En branchant ses tuyaux pour «écouter» les SMS, on peut en savoir beaucoup sur l’état de la société et en générer des contre-actions rapides. 50 milliards de SMS/MMS ont été envoyés dans le monde en 2010 et en moyenne 7 millions de SMS sont échangés chaque jour en Algérie, cinq à dix fois plus lors des fêtes ou quand les événements s’accélèrent. En pleines émeutes, les services avaient commencé à «écouter» les réseaux sociaux Internet, facebook et Twitter, bloquant le trafic, alors que paradoxalement, la bande passante venait d’être élargie de 10 Go à 46 Go. Mais c’était trop gros, comment faire passer un filtrage-espionnage d’Internet alors que, officiellement, on expliquait les émeutes par des voyous pas du tout intéressés par la culture ou l’Internet.
Surtout, comment bloquer facebook après que Barack Obama himself a durement averti Meqnine Ezzine Benali en pleine révolution tunisienne, «de ne pas toucher aux libertés de l’Internet» ? Une enquête a d’ailleurs été déclenchée par les Américains sur le blocage de facebook en Algérie. Restent les SMS. Espionnés, bloqués, avec la docilité des trois opérateurs qui concèdent la mainmise sur l’intimité des Algérien(ne)s, et dans l’illégalité, puisqu’il faut un mandat du procureur. Si on comprend qu’il faille couper le réseau pour assurer une opération contre les maquis de Sid Ali Bouneb, on a du mal à admettre qu’il faille lire les SMS pour contrer les tentatives d’union de la société. Pour le régime et ses services, il n’y a qu’un seul ennemi et c’est la communication, il fera tout pour la contrôler. C’est son unique message, le seul SMS trouvé dans sa boîte d’envoi. Il vient d’arriver à tout le monde.
Chawki Amari